Babi a le swag!
SWAG comme Something We Africans Got. Une publication bilingue lancée en 2017 par la directrice de création Anna-AlixKoffi, qui s’intéresse aux mouvements culturels de l’Afrique et des mondes noirs à travers des essais, articles et entretiens, tout en présentant le travail d’artistes établis et émergents.
Abordant un large spectre d’expressions (littérature, musique, sculpture, cinéma, théâtre, photographie et autres…), chaque numéro traite d’un thème précis et mène une enquête sur les scènes artistiques et intellectuelles d’un pays africain spécifique, tout en explorant les liens culturels entre le continent et un pays non africain.
Après 5 années d’existence, 14 numéros de la revue et 7 de sa version magazine, Something We Africans Got franchit une nouvelle étape et devient, début 2022, un lieu alternatif proposant une offre inédite à Abidjan, en complément des galeries d’art et musées de Côte d’Ivoire et de la sous-région.
Espace d’échanges dédié à l’art vidéo numérique et à l’éducation, ce centre d’art matérialise la poursuite de l’exploration des 3 axes de la revue : (1) Arts d’Afrique et du monde noir (un espace d’exposition consacré à l’image : art vidéo, art digital, photographie. Une espace de redécouverte des cinémas africains); (2) Pensée critique (un espace de réflexion et de discussions); (3) Exploration des liens culturels entre les différents pays du continent et le reste du monde (un espace de rencontre des différents artistes et pratiques).
Une offre complémentaire qui vient renforcer la scène culturelle déjà très dynamique de Côte d’Ivoire et d’Afrique de l’Ouest, et mettra à l’honneur les débats d’idées, l’enseignement de la pensée critique et la lecture d’une œuvre. Faire en sorte qu’un maximum de personnes sache lire une œuvre et applique cet acquis au quotidien, puisse structurer sa pensée et l’exprimer de façon construite, la restituer par des textes, c’est en effet l’ambitieuse mission que s’est fixée l’espace Something We Africans Got, dans la continuité de la revue papier.
Suivant la philosophie des journaux Woman Paper (des publications engagées pour la promotion des femmes dans le milieu artistique également produites par Anna-Alix Koffi, en partenariat avec des foires, biennales et festivals internationaux), les artistes et intellectuelles féminines seront particulièrement valorisées dans la programmation. Si l’accent a été mis sur la vidéo et l’image digitale, c’est parce que ces médias, généralement moins reconnus que la peinture, la sculpture ou la photographie, doivent être défendus pour et par les artistes du continent.
Selon la fondatrice des lieux, «L’image mobile et la pratique digitale exercent un fort pouvoir d’attraction sur les profanes et, avec méthode, les inciteront à s’intéresser à d’autres moyens d’expression artistiques». L’ossature de la programmation comprend entre autres des artist talks, 4 cycles d’ateliers scolaires par saison, des séances cinéclub, ainsi que des masterclass de pensée critique et des cours d’initiation aux pratiques curatoriales, ainsi que des cartes blanches régulières à Simon Njami, commissaire d’exposition, essayiste et critique d’art ayant notamment collaboré avec la fondation Donwahi et l’homme d’affaires et grand collectionneur d’art Sindika Dokolo.
Après une préouverture le 18 janvier 2022 à l’occasion de laquelle le photographe et plasticien allemand Wolfgang Tillmans a été invité à s’exprimer sur la scène LGBT en compagnie de Simon Njami, l’espace inaugure sa saison avec une exposition collective sur le thème de l’émigration (février-avril 2022). Un sujet qui traduit la mentalité et la volonté du centre : l’art comme vecteur de transmission et de réflexion aussi bien pour les publics non avertis que pour les connaisseurs les plus exigeants. On aime, forcément !
Par E. Vermeil
Publié en février 2022