Un jour à la fois… Soft life.
« Comment vas-tu ? Ai-je demandé à une amie chère à mon cœur.
– Je vais bien Poulette. 2022 sera une journée à la fois pour moi. Plus de stress inutile Inch Allah », m’a-t-elle répondu. Quelques jours après, une autre conversation, une autre amie qui m’écrit : « Ça va copine. Un jour à la fois… ». Ou ne pas s’attarder sur le passé. Ne pas s’inquiéter outre mesure du futur.
La coïncidence m’a laissée pensive. Partout, je vois fleurir cette idée. Doucement. Un jour à la fois. Soft life. L’exact opposé d’une vie pénible et difficile. Une vie où les décisions prises nous épargnent tout stress et nous permettent de devenir la meilleure version de nous-mêmes. Une vie dans ce monde post-pandémie, où nous nous recentrons sur l’essentiel. La santé mentale. Les approches holistiques de la médecine. La spiritualité.
La vie de Lougah ? Il s’agit plus de faire les bons choix que de vivre une existence de luxe. Il ne s’agit pas de dilapider ses ressources (même si, soyons honnêtes, la richesse peut contribuer à une soft life de qualité !).
Il s’agit par exemple d’apprendre à dire non, à poser des limites, ou à prendre de la distance avec des personnes toxiques. Vous savez, cette tata qui vous invite à déjeuner, mais qui va inévitablement vous toiser par-dessus ses lunettes et vous dire que vous devriez grossir/maigrir, vous marier/divorcer/ avoir des enfants/arrêter d’en avoir. Qui va « braiser » méthodiquement tous les membres de la famille et se plaindre sans arrêt, vous laissant exténué et vampirisé.
Soft life, c’est arrêter d’érotiser la souffrance. C’est pour une fois, accepter de cuisiner sa sauce graine à partir d’une conserve plutôt que de piler ses graines de palme. S’octroyer un massage après une longue semaine de travail. Laisser ses enfants à la nounou ou à la grand-mère pour une sieste réparatrice ou crapuleuse bien méritée. S’autoriser à prendre une journée de congé, pour prendre soin de sa santé mentale. Ou prendre une journée d’arrêt maladie pour vivre son premier jour de cycle, cuver ses hormones et subir ses crampes utérines en paix.
Soft life, c’est célébrer des moments qui nous apportent joie ou bien-être. Un voyage au bout du monde. Un attiéké poisson entre amis. Un brunch au champagne pour son anniversaire. L’idée derrière Soft life, c’est d’être doux et bienveillant avec soi-même. S’autoriser des choses prétendument réservées à des élites, ou à des personnes non racisées. Abandonner les idées de mortification et de sacrifice. S’ôter de la tête qu’il faut se tuer à la tâche pour offrir un avenir meilleur à ses enfants, alors qu’en fait ils rêveraient de passer un peu de temps avec nous. “I cannot come and go and kill myself”, disent nos voisins nigérians. Tu es souvent mal vu quand tu veux faire passer tes besoins avant ceux des autres. Tu as le sentiment de toujours devoir donner des explications ou trouver des compromis pour un moment à toi.
J’ai demandé à NappyDiopy et son amie Kayloo si elles comprenaient ce que « romantiser la souffrance » voulait dire. Dans un grand éclat de rire, elles m’ont répondu : « Oh oui ! C’est quand les gens sont trop fiers de pouvoir dire qu’ils ont galéré pour réussir dans la vie…
– C’est comme un élève du Lycée Français qui veut faire du rap et qui dit que c’est la street qui l’a élevé… Qu’il doit taffer pour mettre la daronne à l’abri…
– Alors qu’en fait, la daronne est à l’abri depuiiiiis et elle vit sa best life ! »
Soft life ou vivre sa best life. Mes beautés de la Génération Z, avec leurs traits d’esprit et leur intelligence l’ont bien compris. Un jour à la fois. Vivre l’instant présent, car demain viendra bien assez tôt.
Un jour à la fois, et s’autoriser à recommencer, et réessayer de devenir la meilleure version de soi-même.
Par ZebraZoum
Publié en mars 2022