Africa : la renaissance en marche!
Du 19 au 29 mai 2022, dans le cadre des OFF de la 14ème édition de la Biennale de l’Art africain contemporain de Dakar (Dak’Art), l’entreprise culturelle Obart, en collaboration avec le collectionneur d’art Jérémy Cauden et la structure Art Kelen, ont organisé l’exposition «Africa : la renaissance en marche». Leur but? «Donner la parole à des artistes africains émancipés des préjugés, ouverts et décidés à projeter un Universel qui se décline au pluriel».Première édition de l’« ère post-Covid », la 14ème Biennale de Dakar fut en soi une renaissance, dans ce fameux «monde d’après» aux codes bouleversés où la culture a été particulièrement touchée. Il tenait donc à cœur aux initiateurs de «Africa : la renaissance en marche » d’ouvrir la voie à de nouvelles perspectives et façons de raconter Demain.
Car pour eux, le continent, qui renaît progressivement à sa propre conscience et confiance en lui-même, a un rôle fondamental à jouer dans l’élaboration du Récit collectif, comme l’explique Jérémy Cauden : «C’est dans ce nouveau monde en état post-traumatique que l’Afrique doit imposer ses visions et ses narrations et prendre la place qui lui revient sans complaisance, mais avec ouverture pour faire de sa renaissance une réalité ».
Les différentes thématiques de cette exposition pluridisciplinaire (peinture, sculpture, photographie…) réunissant les œuvres de 8 artistes contemporains africains venus du Bénin, du Congo, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, ont ainsi exploré les questions de l’identité, l’histoire africaine, l’héritage du colonialisme, l’unité, la solidarité, le changement climatique, la technologie… Les artistes retenus pour cette exposition se distinguent en cela qu’ils donnent à voir de manière tour à tour allégorique, poétique, profonde et vivifiante une Afrique porteuse d’espoir et d’humanité, traversée par une intense soif d’avenir.
En mettant en scène le quotidien des Abidjanais, Pascal Konan se fait l’interprète de cette émotion particulière que produisent les villes africaines de par leur densité et leur exubérance, interrogeant la façon dont l’âme humaine, inscrite dans la vie collective se développe à travers les interactions et mouvements urbains.
Les œuvres d’Yves Midahuen alias MidY, plus intimistes et éthérées, traduisent les frémissements d’un Soi intérieur dans sa relation avec le divin, la spiritualité africaine, et mettent à jour la possibilité de retour à une véritable conscience culturelle délivrée des bruits du monde.
Les sculptures figuratives de Tehoua Tano, elles, questionnent la nature humaine et la spiritualité émotionnelle par le biais d’une exploration sensible et onirique. Mauricette Djengue, dont cette exposition fut la toute première, produit des créations tantôt abstraites, tantôt figuratives, qui retranscrivent avec éclat la vitalité propre au continent.
À travers de remarquables jeux de clair-obscur, l’artiste congolais Punch Mak figure les forces, les doutes, les craintes et les espoirs des femmes qu’il peint.
Mounou Désiré Koffi, plasticien ivoirien sensible aux enjeux environnementaux, intègre à ses peintures des claviers de téléphones portables usagés. De son travail émergent des silhouettes et décors urbains réalistes offrant des reliefs et perspectives originales.
Photographe et vidéaste, Baba Diedhiou immortalise des scènes et traditions du quotidien avec beaucoup d’émotion, de fraîcheur et de spontanéité.
Quant à Soraya Gharbi, elle s’inspire des femmes pour produire des peintures colorées, joyeuses et dansantes.
Huit regards. Huit façons d’être et d’avoir, d’exister, de vivre et de construire une Afrique qui désormais, ne fait plus que «recevoir», mais aussi « donne », « participe », « bâtit», « agit»… et «renforce » le vivre ensemble.
Par E. Vermeil
Publié en juin 2022