A l’occasion de l’ouverture des Jeux paralympiques, BAAB vous présente un athlète hors du commun:
Alidou Diamoutene : « à cœur vaillant rien d’impossible »
Le saviez-vous ? L’athlète le plus titré au monde est le paralympique ivoirien Oumar Koné, avec 83 médailles. Le para powerlifter Alidou Diamoutene, lui, a remporté en mai sa 23ème médaille à l’Arnold Classic Africa, franchise africaine du festival multisports cofondé par Arnold Schwarzenegger, qui a lieu chaque année à Johannesburg.
Tout comme son aîné, Alidou a su faire de son handicap une force pour se hisser au plus haut… et ne bénéficie d’aucune reconnaissance dans son pays, qu’il honore pourtant depuis des années à travers le monde. BAAB est allé à la rencontre de ce « têtu positif » dont le parcours exemplaire force l’admiration.
Chaque soir à 17h, Alidou pousse son vieux fauteuil roulant de son domicile de la Riviera II jusqu’à la salle de sport du Palm Club à Cocody Danga. Soit près de 4 km à se frayer un passage dans la circulation chaotique d’Abidjan, déjà particulièrement avare en aménagements piétons et cyclistes. Un exercice qu’il a fini par intégrer à sa routine d’entraînement, aucun taxi ne voulant s’encombrer d’un handicapé, ou alors au triple du prix de la course. Les gens n’aiment pas les gens… mais découragement n’est définitivement pas « alidien ».
« Le problème, c’est notre attitude face à nos limites ; pas notre handicap ».
Atteint de poliomyélite à l’âge d’un an et demi, Alidou a perdu l’usage de ses jambes. Sa rencontre avec le powerlifting (développé couché) remonte à ses 20 ans, à l’occasion des JAPHAF (Jeux de l’avenir des personnes handicapées d’Afrique) organisés en Côte d’Ivoire en 2000.
Se portant volontaire pour remplacer un athlète blessé alors qu’il ne faisait pas partie de la sélection officielle, Alidou a appris en 3 jours les rudiments du développé couché… et remporté sa première victoire en soulevant une charge de 120 kg. Depuis, il n’a cessé de fréquenter les salles de sport. D’abord timidement, en dehors des heures d’affluence, puis de façon plus décomplexée à mesure que les compétitions s’enchaînaient et que sa notoriété sportive grandissait.
« Se dépasser quand tout va bien, se surpasser quand tout va mal »
Aujourd’hui, c’est parmi les bancs de développé couché, presses de musculation et barres de traction de Progym qu’il trouve son équilibre, transcendant son handicap chaque jour que Dieu fait, de 18h à 23h. Une passion que cet ancien membre de l’équipe nationale de basketball paralympique, titulaire d’une maîtrise d’anglais et d’un diplôme de gestion et résolution des conflits finance comme il peut, à coup de petits « bizis » (cours d’anglais, coaching…).
Car Alidou ne bénéficie d’aucune aide, et est écarté des compétitions depuis 3 ans pour avoir dénoncé certaines pratiques douteuses de la fédération ivoirienne de sports paralympiques. Grâce au soutien de personnes de cœur comme feu Roger Angoua, son coach de toujours, et Hussein Abdel Reda (patron de Progym), qui lui fournit gracieusement l’accès à sa salle, Alidou a pu prendre part à l’Arnold Classic Africa, où il est passé à 1 kilo du record du monde valide de powerlifting, se qualifiant d’office pour l’Arnold Classic Europe, qui aura lieu en septembre à Barcelone. « Et s’il n’en reste qu’un, [il sera] celui-là !
PALMARÈS
23 médailles (16xor, 3xargent, 4xbronze)
Record en salle : 200 kg
Multiple champion de Côte d’Ivoire catégories -48 kg/-52 kg/-54 kg
4ème aux Jeux paralympiques d’Athènes (2004), Pékin (2008), Londres (2012) et Rio (2016)
Champion d’Afrique 2009
Vice-champion du monde 2015
Médaille d’or Arnold Classic Africa 2019 (nouveau record d’Afrique catégorie valides –59 kg à 170 kg, contre 135 auparavant)
Facebook : Alidou Diamoutene Officiel
Instagram alidoudiamouteneofficiel
E. Vermeil
Publié en juillet 2019