Ibn Cheickh : l’art comme une thérapie
Un jeune talent
Jeune pousse de la scène artistique ivoirienne puisqu’il s’est réellement mis à la peinture il y a à peine 4 ans, Ibn Cheickh Sallah Diebkile a déjà tout d’un grand (et pas que par la taille) : entre 2020 et 2022, il a exposé à Paris (Atelier du Monde, Magnanimus, Galerie Beauté du Matin Calme, Village Suisse…), Abidjan (Villa Lepic, LouiSimone Guirandou Gallery), et s’est imposé comme révélation de l’année – en plus d’être le seul artiste ivoirien retenu – au salon Art Shopping qui s’est tenu au Carrousel du Louvre fin 2022. Soutenu par la Francophonie et le ministère ivoirien de la Culture, reçu par la Première dame, il est incontestablement un artiste à suivre. Portrait d’un créateur inspiré et peu ordinaire.
Une vocation
L’art et l’amour du beau, Ibn Cheickh, né en 1988, est tombé dedans quand il était petit. Comme tous les enfants, le dessin a été très tôt pour lui un moyen d’expression… sauf qu’il ne l’a jamais abandonné, et que sa vocation a été nourrie par l’environnement au sein duquel il évoluait.
Sa première source d’inspiration ? Sa regrettée mère, créatrice dans l’âme, qui a fondé l’une des premières écoles de couture en Côte d’Ivoire, le centre Carine N’, amenant son fils à baigner dans les arts plastiques, l’esthétique, la coiffure, les défilés de mode…
Ses origines
Son autre source d’inspiration ? Ses origines, puisque la lignée de ce trentenaire qui se revendique « afromondialisé » plonge ses racines dans le mythique et mystique Pays Dogon, au Mali. Connue pour ses cultivateurs, ses forgerons, ses sculpteurs et ses astrologues, cette terre nourrit les vibrations et l’énergie de l’artiste.
Énergie qu’il s’emploie à communiquer à ses toiles, dans un dialogue permanent et un rapport organique à la matière. «Pour moi, les œuvres sont comme des personnes. D’avoir des tableaux autour de moi, c’est comme si j’avais affaire à des personnes, et je suis très attaché à mes créations. Parfois, j’ai même du mal à les laisser partir…»
Pour accentuer les émotions retransmises par ses personnages – en chacun desquels il voit un alter ego illustrant son attachement à ses origines multiséculaires dans un monde en pleine mutation -, il recourt à des sticks à huile et peint avec les doigts, ce qui aboutit à des teintes très particulières et un corpus typiquement «Art brut» : Ibn ne crée pas pour le regard d’autrui, mais avant tout par nécessité spirituelle, intérieure, impérieuse.
Ses oeuvres
« L’art, c’est avant tout un partage d’âme », affirme-t-il. Silhouettes fantomatiques aux allures de sculptures hiératiques et visages anonymes sur fonds énigmatiques à la vibrante densité, ses toiles (qu’il peut prendre une semaine à plusieurs mois à finaliser), alliant influences ancestrales et techniques modernes, racontent son histoire et celle de ses prédécesseurs, et traduisent sa perception d’une humanité plurielle.
À noter qu’en plus de sa carrière personnelle (qui poursuit sa trajectoire ascendante puisque cette année, il exposera du 6 au 13 juin au Tokyo Metropolitan Art Museum puis, du 15 au 21 juin, au Maru Art Center à Séoul), Ibn a aussi à cœur de donner un coup de pouce à celles de ses pairs.
Le Bourgeois Gallery
C’est dans cette optique qu’il a ouvert à Cocody Vallon Le Bourgeois Gallery, un concept de galerie-bar-restaurant qui met en avant des artistes émergents et rend l’art accessible au tout-venant en facilitant l’observation et en laissant aux amateurs la possibilité d’apprécier la création contemporaine en toute décontraction. Inspiré et peu ordinaire, on vous le dit !
Fb : Ibn Cheickh Artist/ Bourgeois Gallery ; Ig : ibn_cheickh.artist
Par E. Vermeil
Publié en mars 2023