Mahamadou Ouedraogo : la force tranquille
Dans les arts martiaux asiatiques, le concept «mizu no kokoro » (littéralement « cœur d’eau ») désigne un état d’esprit fluide, réfléchi et adaptatif. Une forme de paix et de maîtrise intérieure que le célèbre Bruce Lee résumait par cette formule bien connue : «Be water my friend ». Discipline corporelle d’origine chinoise s’inscrivant à la frontière du sport de combat et de la gymnastique, le tai-chi, en mettant l’accent sur l’extrême précision du geste, la maîtrise de la respiration et la méditation, est un remarquable moyen d’accéder à cet état d’esprit.
En Côte d’Ivoire, son plus grand promoteur s’appelle Mahamadou Ouedraogo, moine guerrier de la 34ème génération du temple Shaolin et entraîneur national en technique à la Fédération ivoirienne des Arts martiaux chinois. Portrait.
Mahamadou contracte très tôt le virus des arts martiaux. À cette époque, Bruce Lee, Jacky Chan et bien d’autres font rêver tous les gamins du village de son enfance, Kouassia Nianguini, dans le nord-est de la Côte d’Ivoire. Mais sur place, il n’y a guère de possibilité de pratiquer…
C’est en 1996, alors qu’il travaille comme cuisinier dans un restaurant de Biétry à Abidjan, que Mahamadou commencera l’apprentissage du kung-fu wushu, sous la houlette de feu maître Abdoulaye Sawadogo. Élève prometteur, il remporte à peine un an plus tard le titre de champion ivoirien en combat, et finit 3ème en technique.
Au début des années 2000, les choses s’accélèrent : en juin 2005, il obtient sa ceinture noire 1er duan et devient dans la foulée champion de Côte d’Ivoire en technique. L’année suivante, il participe à un stage international organisé par l’association Mante ivoirienne, obtient son 2ème duan IWUF (Fédération internationale de wushu) lors du stage international dirigé par maître Sun Gen Fa et organisé par la Fédération ivoirienne des arts martiaux chinois, et anime son premier stage international en technique à Ouagadougou pour le compte de la fédération burkinabè de kung-fu wushu.
Cette même année, suite au décès de son mentor, il reprend la gestion du club tout en poursuivant sa formation sous l’encadrement de maître Issa Romba et grand maître Yao Alfred Bonny, dit Polo, sans oublier les précieux enseignements de grands maîtres chinois (maître Li Zhenyong et maître Chen Chuaï) disciples du temple Shaolin, avec lesquels il a appris et affiné beaucoup de techniques de wushu.
Sans cesse en quête d’amélioration, Mahamadou, aujourd’hui 4ème duan (5ème duan en cours depréparation), enchaîne les victoires et multiplie les expériences : vice-champion et champion ouest-africain de sanda, arbitre, juge, formateur auprès des fédérations d’arts martiaux chinois de la sous-région… Participation à des stages internationaux, arbitrage en compétition, formation en gong fu traditionnel chinois au temple Shaolin…
Au fil des ans, des échanges et de ses voyages de formation en Chine, ce grand monsieur plein de douceur et d’humilité a également développé une solide expertise en tai-chi, « gymnastique énergétique globale » à dimension spirituelle dont il s’attelle à transmettre les préceptes et les valeurs aux personnes de tous âges à travers son académie Zonghua Wushu, devenue une référence au point que le nombre de ses adhérents ne cesse de croître et que même les entreprises et les institutions font appel à ses formateurs.
Si la pratique de ces arts martiaux consiste avant toute chose en une recherche d’élévation de l’esprit qui cultive tolérance, paix et humilité, on peut dire qu’elle a trouvé en maître Mahamadou Ouedraogo l’un de ses plus fervents ambassadeurs.
Mahamadou Ouedraogo : Académie Zonghua Wushu, Fb : Academie Zhonghua Wushu Cote D’ivoire
Par E. Vermeil
Publié en mai 2022