Souvenez-vous c’était le dimanche 8 février 2015 ! BAAB vous fait revivre ce plein d’émotions à travers le formidable article de “DeMo” écrit suite à la victoire des Eléphants de Côte d’Ivoire à la CAN 2015. (BAAB Mars 2015 #06)
Un éléphant, ça trompe…
Tout a commencé avec cette nouvelle CAN de laquelle nous n’attendions rien. Désabusés, impies, diront certains – ou gestes d’autodéfense après les drames personnels ressentis à chaque match perdu ? La Côte d’Ivoire avait baissé les bras, sauf pour 22 joueurs, 1 entraineur, le staff et quelques milliers de fans inconditionnels qu’aucune défaite et aucun pronostic n’avaient découragé et…BAAB. BAAB qui dans un moment de délire visionnaire avait titré «C’est notre année !» sur un fond éléphantesque en janvier 2015 pour le spécial CAN… Je m’étais alors interrogée sur ce bizarre optimisme – sans rien en dire, parce que l’espoir n’a jamais tué personne.
Et puis, on a eu chaud !
Le dimanche 8 février, à 19h, tout le monde était au RDV, peu osaient encore y croire, le stress montait, la ville était orange.
Le Ghana, petit frère devenu grand frère ces dernières années, avait tellement de victoires passées, de rigueur dans le jeu et nous tellement de désillusions pas encore digérées : pénalty immanquable-manqué ; penalty adverse quasi volé ; envolées de génies narcissiques… Je ne vais pas commenter le match, les experts l’ont fait.
Ça a duré, duré. On n’a plus pu regarder, les yeux étaient fermés, les cœurs arrêtés, les corps figés, seule la sueur de la peur coulait. Et enfin. Les bras se sont envolés, les yeux se sont embués, les dents se sont desserrées, lesverres se sont levés, les voitures, deux roues et piétons se sont précipités. Le silence a laissé la place à une Union Nationale de décibels des klaxons, cris, musiques, chants, vuvuzelas.
La victoire et la liesse nationale…
Cette joie incroyable que nous avons ressentie. Un niveau de contentement, de fierté, de bonheur instantané auquel sur le moment on ne pense pas. Le cerveau est éteint, seule l’émotion est là. L’émotion qui fait rouler les voitures à 100Km/h, qui fait danser les piétons au milieu de ces voitures, qui fait s’embrasser les inconnus.
La joie. La vraie.
Celle que les films d’Hollywood exhibent et qui à chaque fois me laisse dubitative : heu… pourquoi les américains sautent en l’air avec des «Oh my God» et des larmes de joie pour le moindre évènement et moi je ne me souviens pas de ça depuis… mon bac ? mon mariage ? le noël de mes 10 ans ? L’anniversaire surprise de mes 18 ans ? Bah non… je ne me souviens pas…
Mais je me souviendrais du 8 février 2015… et d’ailleurs si j’oublie ma propre émotion, j’aurais ces milliers de films et de photos pour me rappeler celle de toute la Côte d’Ivoire. Et du lendemain.
9 février… on a encore eu chaud !
Réveil : Je me sens différente. La fierté, l’envie de fêter, de partager ce trop-plein de joie… Quelque chose de bizarre dans l’air. Tout semble différent. Zut, il aurait fallu vérifier si le jour était chômé ou pas avant d’éteindre le réveil, mais…
Vraiment, aller travailler ??? Ouf, notre Président a donné le férié.
10h : Le soleil monte… Abidjan est chaud, Abidjan danse, Abidjan a chaud mais ne le sent pas. Orange vitaminé partout dans la ville.
12h : Le soleil, l’humidité, on refait le match en attendant que les éléphants passent. Le stade est bondé, défilé continu de joie sur le VGE de l’aéroport jusqu’au pont. Impression que certains fêtent en continu depuis hier soir 21h00, pourtant aucune agressivité, même chez les plus alcoolisés et les plus fatigués.
14h : L’avion atterrit. On n’en pouvait plus, on reprend vie
16h : La Coupe file entre le Président et Yaya Touré. Poursuivis de voitures et de milliers de piétons qui courent avec eux. Qui courent, à la vitesse des voitures sous 35°, depuis déjà 4 km et pour encore 11 km car je ne doute pas que tous continueront jusqu’au stade.
17h : On était parti, on revient, mais le VGE est presque vide à présent. Pourtant cette fois ce sont bien les joueurs qui sont là avec leur Renard. Pourquoi la police nous a-t-elle dit qu’ils avaient choisi un autre chemin et ne passeraient pas par là ? Pourquoi un tel décalage avec le passage de la Coupe et du Capitaine? Personne ne le sait…
18h : La chaleur baisse enfin. La frénésie fait place à une ambiance de lendemain de fête. Comment ont fait les gens dans le stade depuis l’aube ? rien pour s’abriter du soleil, des places trop précieuses pour les abandonner ? Pfff. Un férié n’était pas de trop, c’est épuisant tant de joie, de partage, d’acclamations…
Après avoir été surprise de cette habitude ivoirienne de «fériéiser» les lendemains de grands matchs, je me demande maintenant comment font les pays qui travaillent après de tels évènements. Pour nous d’ailleurs, le reste de la semaine, la rare énergie restante est partie directement à refaire le match et revivre la victoire… jusqu’au samedi SaintValentin qui a relancé l’esprit de fête nationale avec le orange devenu rouge-bisou pour cette occasion.
Merci les éléphants, votre victoire, c’est notre année !
Par DeMo
Publié en Mars 2015