Une ville hors du temps où le temps est inscrit dans la ville
Luc Ragot est un homme passionné d’art, de design et d’architecture. C’est à lui que l’on doit l’ambiance feutrée de ce restaurant-galerie si particulier qu’est La Case Bleue, situé au cœur du quartier France à Grand-Bassam. Des expositions y sont organisées régulièrement, toujours dans le but de soutenir l’art et de mettre en avant des artistes locaux.
Le 13 mars prochain s’y déroulera le vernissage de l’exposition “Bassam ouvre-toi” par Jean-Baptiste Cotton, organisée par l’association AAArt (Association Africaine Art Respect et Tradition). Luc et Jean-Baptiste habitent à Bassam depuis environ 5 ans, mais ont adopté l’Afrique il y a bien longtemps. Le projet d’une exposition est né il y a à peu près 6 mois lors d’une conversation banale autour d’un verre. Ils en sont venus au triste constat d’un laxisme culturel général, se traduisant par l’abandon du quartier historique de Bassam et par un manque d’initiatives collectives de la part des Bassamois ou des autres.
Le but de l’exposition “Bassam ouvre-toi” est simple : sensibiliser sur la perte d’un patrimoine historique et culturel qui a besoin d’attention, mais aussi d’intention et essayer de faire bouger une inertie latente, pour revoir vivre, un jour, ce site splendide délaissé par tous. À l’aide de dessins numériques imprimés à la méthode sous-verre, Jean-Baptiste Cotton nous invite à imaginer la ville sous un regard nouveau où chaque lieu abandonné retrouve une vie en étant restauré et réhabilité. Cette technique donne une vision des bâtiments plus vivante que celle que l’on en a aujourd’hui, tout en conservant leur apparence de l’époque, même si les informations historiques ne sont pas toutes référencées.
Beaucoup de personnes, par manque d’intérêt, ne savent pas ce que Bassam représente. Pourtant, chaque bâtiment, même s’il reste un vestige du passé colonial du pays, a une histoire qui surpasse la colonisation. L’état de délabrement dans lequel ils se trouvent n’est pas un boycott généralisé, mais plutôt un manque de moyens, de volonté et d’entente collective.
Les enjeux sont compliqués, car il n’y a pas de titres de propriété. Mais au-delà des bâtiments, c’est toute la vie du quartier qui est affectée par cet état de ruines. De nos jours, il est triste de se promener dans Bassam et comme l’a si bien dit Jean-Baptiste Cotton, “la tristesse est proportionnelle au potentiel que ce patrimoine représente”.
Avec un peu de volonté, si les particuliers s’en occupaient, ils en feraient des hôtels, des commerces ou des habitations, et si les autorités publiques intervenaient, il y aurait des infrastructures liées à l’Histoire et la culture de Côte d’Ivoire.
Le titre “Bassam ouvre-toi” fait justement écho au désir de montrer aux Bassamois, aux Ivoiriens et aux étrangers que Bassam regagnerait sa beauté, et par conséquent retrouverait toute la vie et la superbe qu’elle a connues jadis.
Le temps est compté pour ces bâtiments. Malheureusement ce constat n’est pas propre à Bassam, puisque l’on retrouve le même cas à Bingerville, à Sassandra et dans toutes les villes qui possèdent des vestiges coloniaux laissés à l’abandon.
À partir du 13 mars 2020
Contact : 07 09 02 90 20
Facebook : La case bleue
Lula