La DJ School d’Abidjan professionnalise le métier de disc-jockey
Le 9 février 2023 se tenait en Côte d’Ivoire le DJ School Day, tout premier salon professionnel dédié au métier de disc-jockey d’Abidjan. Une initiative portée par Maxime Melagne (alias DJ Max), Donald Kouamé (nom de code Donald Jay), et Pascal Agbadou, trio de vétérans du mixage.
L’occasion de rappeler que ces trois pros de l’animation musicale sont également à l’origine de la première école ivoirienne de formation de DJ, la DJ School Abidjan, qui a ouvert ses portes il y a deux ans pour façonner une nouvelle génération de faiseurs d’ambiance.
20 000 DJs en Côte d’Ivoire
La Côte d’Ivoire compterait plus de 20 000 DJs, profession dont l’aura n’a cessé de croître depuis l’avènement du coupé-décalé au début des années 2000 et la multiplication des maquis-bar et boîtes de nuit qui s’en est suivie.
La plupart de ces ambianceurs, cependant, ont appris à mixer sur le tas, et l’activité accuse, selon les mots de Donald Jay, « un certain désordre », de nombreux « professionnels » autoproclamés n’ayant pas connaissance des règles de base du métier. Résultat : le DJ-ing est dévalué et mal perçu par certains, ses adeptes étant généralement assimilés à des « atalakumen ».
Redorer le blason de la profession de DJ
C’est dans l’optique de remédier à cette situation, et pour professionnaliser le milieu que Maxime, Donald et Pascal ont eu l’idée de cette école. Forts de leur expérience de plus de 20 ans dans le domaine de l’animation musicale, ils comptent bien redorer le blason de cette profession, afin que ses passionnés puissent en vivre.
« Dans les années 1980, les DJs étaient payés jusqu’à 1 million de francs CFA, contre 5 à 20 000 francs CFA pour ceux qui officient aujourd’hui dans les maquis-bars. Il y a quelque chose qui ne va pas », analyse DJ Max, directeur de la structure.
À travers ses formations qualifiantes et la création de tout un écosystème autour du DJ-ing, la DJ School Abidjan entend faire en sorte que ses pensionnaires puissent prétendre à de meilleures conditions de travail et de vie et, partant, d’impacter l’industrie musicale ivoirienne.
Une formation pratique
Pour ce faire, les formations (qui s’adressent aussi bien aux débutants et aux amateurs qu’aux professionnels souhaitant renforcer leurs capacités), dispensées sur 4 mois (3 mois de cours et 1 mois de stage), s’attachent à couvrir tous les aspects pratiques et théoriques du métier.
Les matières vont de l’histoire du DJ-ing ivoirien et ses périphériques à la gestion de l’image et au music business, en passant par l’art oratoire et du divertissement, la programmation de la MAO (musique assistée par ordinateur) et l’initiation à Serato (logiciel dédié aux DJs et producteurs), les dernières techniques de mixage (la technologie évolue vite, il faut constamment se mettre à la page), le secourisme, le droit et l’entrepreneuriat, la sonorisation et la connectique, le français et l’anglais technique…
À l’issue de leur cursus, les étudiants se voient délivrer un certificat d’aptitude professionnelle reconnu par l’État, et sont en mesure d’exercer divers métiers tels que DJ, mais aussi producteur ou arrangeur, light jockey, vidéo jockey, directeur artistique, technicien et/ou ingénieur du son, etc.
Véritable incubateur où règnent solidarité et esprit de famille, la DJ School Abidjan a formé à ce jour une quarantaine d’élèves dont certains ont monté leur propre structure et arrivent aujourd’hui à vivre de leur passion. Une belle ambition et un pari réussi, qui devrait encore rehausser la qualité de la scène et de l’industrie musicale ivoiriennes, déjà largement réputées dans la sous-région et au-delà. Big up !
Fb : DJ School Abidjan
Par E. Vermeil
Publié en avril 2023