Les chroniques de Zebra Zoum: My impopular opinion
Il y a quelques semaines, mes amis sont venus des 4 coins du monde pour un événement heureux. Les Africains et les Asiatiques du groupe ont ajouté aux visites culturelles, un arrêt au Grand marché, pour se rassasier de pagnes, dentelles et mets locaux.
Certains – les Européens – ont décidé de sortir des sentiers battus et de barouder sur les routes du Bénin et du Togo, me faisant découvrir des adresses que je ne soupçonnais même pas. À califourchon sur un zemidjan ou à bord d’une pirogue, ils sont allés découvrir les marais salants de Ouidah ou le village lacustre de Ganvié au lever du jour.
Lever du jour, qui ? Même en rêve, vous n’allez pas me gagner.
Finalement, l’un des plus grands regrets de ma vie de « Repat », après plus 16 ans sur le continent africain, c’est bien ma méconnaissance du tourisme et des adresses locales.
Sorties des chambres climatisées d’Assinie, de Dakar ou de Zanzibar, il ne faut pas trop compter sur moi. En traînant les pieds et avec toute la mauvaise volonté dont j’étais capable, les obligations professionnelles m’ont contrainte à arpenter quelques pistes sablonneuses pour me rendre à Bouaflé, Banfora, Boundiali ou Bouaké… sur la route du cacao, de la canne à sucre, du coton ou de la noix de cajou.
Je regardais sans comprendre clients ou collègues charger les pickups d’agoutis et de régimes de banane plantain ou chercher le meilleur spot pour déguster de la viande de brousse.
« Mais toi tu fais rire, tu penses que le Bénin c’est mieux ? » me taquinaient-ils devant mon inconfort.
La question n’a jamais été de comparer une contrée à une autre. La question a toujours été de savoir ce qui me fait vibrer. On n’a qu’à se dire la vérité, à mon vieil âge je ne deviendrai jamais une back-packer. J’aime trop mon corps et mon confort. Je préférerai toujours le petit déjeuner d’un 5 étoiles à une bouillie de mil bio avec des galettes chaudes servies dans des feuilles de papier au bord d’une route de l’intérieur.
Pardon, chacun ses délires. Je lirai avidement tout ce que je peux trouver sur les temples d’Artémis ou sur la mythologie vaudou. Je testerai volontiers tous les gommages au citron et au beurre de karité des spas locaux, tout comme les massages balinais ou thaï. Je me baignerai dans toutes les gorges de l’Ardèche ou dans la Mer Morte… Mais ne comptez pas sur moi pour me mettre en maillot à proximité du Bandama.
Snobisme ou superstition ? Haine de soi ou complexe d’infériorité ?
Ni l’un ni l’autre. Voyager dans la sous-région ne m’apporte pas le dépaysement que je recherche. En plus d’être relativement onéreux, le rapport qualité-prix me fait parfois grincer des dents. L’inconfort relatif des réceptifs hôteliers et leur maintenance approximative me font regretter le raffinement de certains palaces du Moyen-Orient ou d’ailleurs…
Je vois une Afrique de l’Ouest qui se tourne petit à petit vers un tourisme authentique et non une copie des standards internationaux. Un tourisme qui réponde aussi bien aux besoins de ceux qui aiment les ambiances roots qu’à nous autres. Je rêve de mes brochettes de fromage peulh au petit déjeuner, dans de belles assiettes en terre cuite, de bière de maïs dans des calebasses ouvragées, et de siestes dans des draps de pur coton égyptien.
Parce que j’en ai le droit. Pian.
Par ZebraZoum
Publié en juin 2023