L’Affaire Kragbé Gnagbé: Candy Côte d’Ivoire raconte…
Kragbé Gnagbé, le jeune bété qui a voulu défier Félix Houphouët-Boigny.
Avez-vous déjà entendu parler de l’État d’Eburnie ? Cet état proclamé en 1970 qui refusait et dénonçait la suprématie baoulé, mais aussi les malversations du président Houphouët Boigny ?
Ce mois-ci, Marie-Noëlle du blog Candy Côte d’Ivoire vous propose de découvrir l’affaire Kragbé Gnagbé ou l’histoire de l’une des oppositions les plus violentes ayant eu lieu dans notre pays.
Jean Christophe Gnagbé, un jeune économiste plus connu sous le nom de Kragbé Gnagbé est le fondateur du Parti Nationaliste Africain (PANA). En 1967, il dépose au ministère de l’Intérieur les statuts de son parti politique et il publie « L’appel aux tribus d’Éburnie », manifeste du parti, qui lui vaudra 11 mois d’emprisonnement.
Mais pourquoi l’état d’Éburnie ? Parce que Kragbé Gnagbé dénonce la suprématie baoulé, le tribalisme, la trop grande présence des étrangers en Côte d’Ivoire, les emprisonnements injustifiés et la mort d’Ernest Boka à Assabou. Ainsi, il se présente comme celui qui mettra fin à tous les maux dont souffrent les Ivoiriens à cause de la mauvaise gouvernance du président Houphouët.
Quelque temps après sa libération, Kragbé Gnagbé revient en force, et en octobre 1970, il proclame à Gagnoa l’État d’Eburnie qui devient la nouvelle appellation de la Côte d’Ivoire.
Sa devise : « Pour la terre de nos pères » ; son emblème : un globe d’ébène sur fond blanc, symbole de l’union et de l’égalité entière entre les tribus et, à sa tête, un chancelier d’État, à la fois chef du gouvernement et commandant en chef de l’armée populaire nationaliste.
À cet effet, Kragbé Gnagé et ces hommes, des Bété comme lui, hissent le drapeau du PANA sur la mairie de Gagnoa et prennent d’assaut la gendarmerie. Obou Kouadio, adjudant chargé de temporiser la situation, est tué ainsi que 8 civils.
En représailles, le président Houphouët envoie l’armée ivoirienne, mais les choses dégénèrent faisant environ 70 victimes.
L’affaire Kragbé Gnagbé est loin de s’arrêter là et traverse les frontières. Le quotidien britannique The Daily Telegraph relate les faits et écrit que le président Houphouët aurait fait appel à l’assistance militaire française à la suite de troubles à caractère tribal dans la ville de Gagnoa.
Affirmation que le chef de l’État démentira quelques jours plus tard en expliquant que Kragbé Gnagbé était connu du gouvernement ivoirien et qu’il avait été déjà arrêté 3 fois.
Kragbé Gnagbé sera jugé à Gagnoa. Pendant la période du procès, des rumeurs selon lesquelles le nombre de morts serait estimé à 4 000 pousseront un jeune chercheur du nom de Gadji Dagbo Joseph à sillonner tous les villages de la région pendant 5 ans pour rétablir la vérité.
Ses recherches lui permettront donc de conclure qu’il y a eu 71 morts et non 4 000. Il écrira par la suite un livre intitulé « L’affaire Kragbé Gnagbé, un autre regard 32 ans après » paru aux Nouvelles éditions ivoiriennes en 2002.
À propos de Candy Côte d’Ivoire : Candy Côte d’Ivoire est un blog dédié à la culture ivoirienne. Marie-Noëlle vous invite à découvrir la Côte d’Ivoire comme vous ne l’avez jamais connue, une Côte d’Ivoire riche par sa diversité culturelle et ses potentialités touristiques.
Par Candy Côte d’Ivoire
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Publié en février 2024