Pyramide 2023 : l’âme de l’emblématique bâtiment ravivée !
Il y a quelque temps, nous vous parlions du projet « Pyramide 2023 », une « folie » rendue possible grâce au directeur artistique de l’agence DeuxCinqUn (II.V.I) Otto Lemon et à Elizabeth Saad, responsable du mécénat et des relations avec les institutions.
Une exposition permanente à ciel ouvert où 6 artistes internationaux et ivoiriens, aidés d’étudiants de l’INSAAC, ont travaillé de concert du 1er au 19 avril 2023 pour donner vie à une immense fresque murale dont les couleurs vibrantes s’affichent aujourd’hui avec éclat dans le ciel du Plateau. Retour sur un événement qui fera date.
« Cette exposition est le reflet de notre diversité, de cette Côte d’Ivoire qui nous est chère, hospitalière, terre de créativité, de découverte, de métissage, de brassage culturel », s’est émue la ministre de la Culture et de la Francophonie Françoise Remarck à l’occasion de la cérémonie de restitution officielle tenue le 20 avril dernier au Plateau, en présence de nombreuses personnalités politiques et culturelles du pays.
Aux artistes ivoiriens Pascal Konan (épaulé des artistes contributeurs Japhet, Sylvain Ouattara et Strong), Annick Lia (premier à poser ses pinceaux sur les murs de la Pyramide) et Amah Cynthia Dongo (qui a réalisé ses œuvres depuis Houston où elle réside), se sont en effet joints Katre, Seth et Dourone (un tandem composé de Fabio Lopez et Élodie Arshak), artistes urbains habitués à peindre des façades d’immeubles aux quatre coins du monde, ainsi que 6 étudiants de l’INSAAC supervisés par leur professeur Jean-Yves Yapi Tetchi, et de petits orphelins de la Case des enfants emmenés par l’animateur et peintre Ezéchiel, lui-même ancien pensionnaire de ce centre d’accueil.
Sans oublier la précieuse contribution documentaire et historique de l’architecte et designer Issa Diabaté, très impliqué dans les problématiques urbaines africaines.
Tous, indépendamment de leurs origines et de leur histoire, partageaient la même fascination pour cet édifice.
Pour Fabio Lopez, la Pyramide « incarne la définition même de la contemporanéité », tandis que Pascal Konan y voit « un bâtiment mythique, chargé émotionnellement d’histoire(s) ». Antonin Katre, lui, a tout simplement réalisé à cette occasion sa plus grande performance.
Le fruit de cette collaboration, relève d’une expérience artistique inédite en Afrique de l’Ouest : en plus de faire de nouveau converger tous les regards vers la Pyramide et de rendre hommage à son inaltérable avant-gardisme (pour la petite histoire, le projet de la Pyramide avait à l’époque été exposé au Musée d’art moderne de New York, le célèbre MoMA), « Pyramide 2023 : Demain est déjà né » réaffirme le statut de la Côte d’Ivoire comme pays pionnier des industries culturelles et créatives sur le continent.
Mieux : en décloisonnant l’art contemporain et en le portant sur la place publique dans une approche à la fois ludique et éducative (plusieurs enfants ont notamment pu visiter le site et dialoguer avec les artistes), il permet aux Ivoiriens de renouer avec leur patrimoine, leur histoire, et une part importante de leur passé.
Mais c’est peut-être Pascal Konan qui a perçu avec le plus de justesse un autre aspect essentiel de cette manifestation hors-norme : sa valeur interpellative, puisqu’aux dernières nouvelles, la réhabilitation de la Pyramide, annoncée dès 2011 par les autorités, n’était toujours pas à l’ordre du jour.
Une situation qui pourrait peut-être évoluer à la faveur du regain d’attention nationale et internationale dont l’emblématique « petite Tour Eiffel » bénéficie aujourd’hui…
Une chose est sûre : si la beauté a le pouvoir de changer le monde, alors tous les espoirs sont permis !
Par E. Vermeil
Publié en juin 2023