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De Bassam à Bingerville : histoire des capitales ivoiriennes – Partie 2
Le mois dernier, Marie-Noëlle du blog Candy Côte d’Ivoire nous expliquait pourquoi et comment Bingerville avait été désignée comme capitale officielle de la colonie Côte d’Ivoire au détriment de Grand-Bassam, et au grand dam des commerçants et artisans installés dans cette ville. Nous étions alors en 1909. Comment Bingerville a-t-elle cédé sa place à Abidjan ? C’est ce que nous vous proposons de découvrir ce mois-ci !
Le 1er juillet 1934, après 14 ans de négociations et de réflexion, l’administration coloniale finit par approuver la création de la nouvelle capitale à Abidjan. Souvenez-vous… le déménagement de la capitale à Bingerville n’avait pas eu l’approbation des commerçants du comptoir de Bassam.
À défaut de pouvoir rester à Grand-Bassam, ils s’installèrent alors progressivement à Abidjan délocalisant ainsi peu à peu le pouvoir économique et financier de la colonie. Ce sont les prémisses de la création de la ville que nous connaissons aujourd’hui.
2 villes en compétition
Néanmoins, cette raison n’est pas la seule à jouer en la faveur d’Abidjan. En effet, l’administration coloniale est toujours à la recherche d’un site salubre, parfaitement situé et capable d’accueillir tous les ambitieux projets de la colonie. 2 villes sont alors dans la ligne de mire des autorités : Abidjan et Sassandra.
C’est finalement Abidjan qui se révèle être la candidate parfaite grâce aux nombreux avantages qu’elle présente. Située entre mer et lagune, elle peut contenir un grand port ainsi que le point de départ du chemin de fer, des travaux que les colons entreprennent rapidement.
De gros chantiers
Puis les chantiers se poursuivent. On construit à Abidjan un pont flottant qui relie le Plateau, quartier résidentiel des colons et centre économique, à Treichville, lieu de résidence des autochtones.
En journée, les autochtones empruntent le pont pour aller travailler au Plateau puis retournent sur Treichville, le soir. Le pont est alors surélevé pour éviter toute attaque nocturne. Un camp militaire est également érigé pour protéger les colons des autochtones vivant à Cocody ou Adjamé, c’est-à-dire sur la même rive que le Plateau. Enfin en 1933, le palais du gouverneur est achevé, ce qui sonne la note finale pour Bingerville.
Avec cette configuration des quartiers, Treichville deviendra un symbole fort de la lutte anticoloniale : les premiers politiciens et cadres ivoiriens tels que le premier président ivoirien Félix Houphouët-Boigny y vivront. Le Plateau est et restera le poumon économique de la ville en concentrant toutes les grandes institutions. Cependant ceci n’est pas un hasard.
En accédant à l’indépendance, le premier gouvernement ivoirien aura à cœur de montrer qu’il siège à présent là où le pouvoir colonial avait pris ses quartiers, comme pour dire que la tendance est dorénavant renversée.
Par Candy Côte d’Ivoire
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Publié en juin 2023