Francs Cacao : Candy Côte d’Ivoire raconte…
La Côte d’Ivoire est le 1er producteur mondial de cacao. Avec 2,4 millions de tonnes en 2022, elle représente à elle seule 40% de la production mondiale.
La Côte d’Ivoire est également le 4ème pays africain producteur de café, derrière l’Éthiopie, l’Ouganda et la Tanzanie. Pourtant, ces 2 cultures ne sont pas endémiques au pays.
Pourquoi ces 2 productions ont été privilégiées aux dépens d’autres ?
Marie-Noëlle du blog Candy Côte d’Ivoire nous l’explique !
En Côte d’Ivoire, le café et le cacao sont ce que le pétrole est aux pays du Golfe !
Vers la fin des années 1800, Arthur Verdier, l’un des premiers colons et négociant français installé en Côte d’Ivoire introduit le café. Il réussira à s’enrichir grâce à cette culture et à poser les bases économiques de la colonie.
En ce qui concerne le cacao, il faudra attendre Gabriel Angoulvant, l’un des premiers gouverneurs de la Côte d’Ivoire (dans les années 1900) pour donner une véritable impulsion à cette culture sur le territoire et inciter les populations locales à s’y intéresser par la vente de terrains à bas prix (1 hectare pour 1 franc français), la distribution de cabosses… et la culture forcée !
Les cacaoyers se répandent alors très vite (surtout dans l’est de la Côte d’Ivoire) et en 1920, la production dépasse les 1 000 tonnes. En 1950, 61 000 tonnes sont produites, représentant 2/3 des exportations de la colonie.
Le café et le cacao se portent bien, l’économie coloniale aussi, mais un autre acteur rentre en jeu : Félix Houphouët Boigny, un planteur, bien avant d’être député, ministre puis président !
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il crée le PDCI RDA, un rassemblement politique, oui, mais aussi un parti qui veut défendre les intérêts des planteurs africains face aux colons. Une fois au pouvoir, il fera donc tout naturellement du café-cacao son cheval de bataille et se plaira à dire : « Le succès de ce pays repose sur l’agriculture ! ».
L’industrie cacaoyère génère alors des milliards de francs CFA. Ces « francs cacao » seront utilisés pour construire et développer le pays : tours du Plateau, routes, niveau de vie des ivoiriens, “Abidjan petit Paris” ou encore “Manhattan d’Afrique”, tout ça, c’est le cacao !
Nous sommes en 1960 et donc au début du miracle ivoirien qui durera un peu plus de deux décennies. En 1977, c’est l’apothéose ! La Côte d’Ivoire occupe alors la première marche du podium des producteurs mondiaux devant le Ghana qui deviendra la risée des Ivoiriens à travers l’expression « tu es tombé comme cacao du Ghana » !
Cependant, la filière cacao est loin d’être un monde idyllique : la matière première est achetée à des prix dérisoires aux planteurs puis revendue bien plus cher aux industriels.
En 1987, le président Houphouët bloquera d’ailleurs les exportations du pays pour espérer établir une équité entre le prix d’achat et le prix de vente du cacao et lutter contre ce qu’il appela “les forces occultes du marché”. Mais en vain… En 2021, le même sujet est remis sur la table.
Le président Alassane Ouattara et son homologue ghanéen, Nana Akufo-Addo, annoncent suspendre la vente de la récolte 2020-2021 tant que les négociants, transformateurs et chocolatiers n’acceptent pas de se soumettre à un prix plancher de 2 600 dollars la tonne.
D’après, l’Organisation internationale du cacao, seulement 5 % à 10 % des 100 milliards de dollars générés chaque année par la vente de chocolat reviendraient aux cultivateurs.
En 2024, la tonne de cacao a atteint le cours record de 10 000 dollars à la bourse de New York. Pourtant, les planteurs restent encore en marge de tous les bénéfices générés par cette industrie.
Ig : candyciv
Fb : Candy Côte D’Ivoire
Site : candycotedivoire.over-blog.com
Publié en juin 2024