Bourgeoisie Ivoirienne
Candy Côte d’Ivoire raconte…
En 2023, le magazine Forbes annonçait que la Côte d’Ivoire était le pays de la zone CFA qui comptait le plus de millionnaires.
D’après ce magazine, on estime à 2 200 le nombre de personnes vivant en Côte d’Ivoire et ayant une fortune supérieure ou égale à un million de dollars, soit plus de 650 millions de francs CFA !
La question se pose donc : comment est née la bourgeoisie ivoirienne et comment a-t-elle pu émerger dans un pays anciennement colonisé ?
Alors que le nombre total de millionnaires sur le continent a reculé de 12 % au cours de la décennie écoulée, ce nombre a progressé de 27% dans notre pays.
Historiquement, les populations autochtones installées en Côte d’Ivoire avaient des organisations sociétales différentes de celles que nous connaissons actuellement. Chez les Malinkés par exemple, l’organisation en castes permettait de régir la société.
On retrouvait par exemple les castes de griots, considérés comme l’élite. Chez les Agnis et les Akans en général, la société était organisée en royaume avec un monarque, ses notables, ses chefs de canton, ses esclaves…
Toute cette structuration hiérarchique vole en éclat au cours de la colonisation lorsque les autochtones sont réduits au rang d’indigènes et de main-d’œuvre pour les puissances européennes.
Certaines monarchies africaines arrivent tout de même à se maintenir, mais elles ne sont plus totalement souveraines comme elles l’étaient avant la colonisation.
Ainsi, dans ce système, comment les Ivoiriens arrivent-ils à s’enrichir ?
Plusieurs facteurs entrent en jeu. En 1946, alors qu’il est encore député, Félix Houphouët-Boigny va entreprendre trois actions qui vont changer le cours de l’histoire.
Il fait abolir le travail forcé dans toutes les colonies françaises de l’Afrique de l’Ouest ; envoie, à ses frais et contre l’avis colonial, 147 enfants d’Afrique occidentale française se former en France afin qu’ils reviennent mettre leur savoir-faire au service du pays qu’il s’apprête à diriger et enfin, il crée le PDCI-RDA (Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain).
Au-delà d’un simple parti politique, ce mouvement visera à lutter pour les droits des planteurs ivoiriens et africains, car souvenez-vous, outre le fait que le futur président ivoirien croit fermement au potentiel de l’agriculture pour développer son pays, il est avant tout planteur et cherche aussi à défendre ses propres intérêts !
Conséquences ?
De nombreux Ivoiriens se dirigent alors vers d’autres corps de métiers utiles par la suite au développement du pays. De plus, au terme de leurs études, les compagnons de l’aventure 46 (du nom du bateau qui les conduisit en France) reviennent au pays en tant que médecins, ingénieurs, banquiers, professeurs, pharmaciens, avocats…
Beaucoup seront à la tête d’institutions ivoiriennes ou rejoindront le premier gouvernement ivoirien. Parmi eux, Ernest Boka, premier ministre de l’Éducation nationale ou celle qui deviendra première dame, Marie-Thérèse HouphouëtBoigny.
Parallèlement, les planteurs étant dorénavant mieux protégés par les mesures mises en place par le PDCI-RDA s’enrichiront et seront en mesure d’envoyer eux aussi leurs enfants se former à l’étranger, pour revenir développer le pays.
Voici comment, dans un premier temps, la bourgeoisie ivoirienne s’est formée.
Après l’indépendance, ces premiers cadres ivoiriens gravitent pour la plupart autour du pouvoir en place et alors que le pays devient de plus en plus prospère, toutes ces personnes, ainsi que les compagnons de lutte d’Houphouët (Philippe Yacé, Jean Baptiste Mockey…) bénéficient des largesses du président qui offre des maisons aux enfants de ses ministres lorsqu’ils se marient, financent leurs études et s’assurent que leurs épouses ne manquent de rien.
Au fil du temps, cette bourgeoisie deviendra plus hétéroclite, constituée d’entrepreneurs qui ont su s’imposer dans leurs domaines, de cadres qui ont su gravir les échelons ou encore d’acteurs de l’informel qui ont su trouver leur voie.
Néanmoins, aujourd’hui encore, ce qu’on appelle communément en Côte d’Ivoire, “les grandes familles ivoiriennes”, fait toujours référence à ce groupe de personnes qui a gravité autour du président Houphouët dans les années 60 à 80.
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Publié en novembre 2024