1 Chanson, 1 Histoire
« Gboglo Koffi », petite histoire du zouglou
Le Zouglou, nous le connaissons tous !
C’est la première musique urbaine ivoirienne, mais aussi celle qui a réussi à fédérer les différents peuples du pays. Marie-Noëlle du blog Candy Côte d’Ivoire nous propose ce mois-ci de découvrir son histoire à travers la chanson « Gbolo Koffi » de Didier Bilé, sortie en 1991 et dont le succès a été le début de tout.
Le Zouglou
Toujours fortement écouté, le Zouglou définit l’identité de notre pays, d’un point de vue musical, mais aussi comme éveil des consciences.
Dans les années 1990, la situation économique de la Côte d’Ivoire n’est pas au beau fixe. La baisse du cours des matières premières, la dévaluation du franc CFA, l’essoufflement de l’économie ont pour conséquence la hausse du taux de pauvreté qui passe de 11 % en 1985 à 32 % en 1993.
Parmi les populations les plus touchées par cet appauvrissement, la classe estudiantine qui sombre dans la précarité. En effet, l’État réduit considérablement le budget alloué à l’éducation ce qui se traduit par une diminution des investissements dans ce secteur, la réduction des salaires des enseignants ou encore des coupures d’électricité intempestives dans les résidences étudiantes.
Ces mesures sont ainsi prises pour tenter d’ajuster l’économie nationale en accord avec les directives imposées par le FMI.
Un mouvement social et politique
Un climat très anxiogène met alors les étudiants en porte à faux avec le gouvernement. Les jeunes ivoiriens s’insurgent contre le pouvoir en place et manifestent notamment en 1990 dans les rues abidjanaises en criant “Houphouët dehors !”.
Ils créent aussi la même année, la FESCI, Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire. Un syndicat initialement mis en place pour les aider à mieux revendiquer leurs droits désormais bafoués.
C’est dans ce contexte que Didier Bilé sort en 1991 le titre « Gbolo Koffi ». C’est le commencement du Zouglou, un nouveau genre musical, une « danse philosophique qui permet aux étudiants de se recueillir et d’oublier leurs problèmes ».
À travers les paroles, Didier Bilé dépeint de façon très authentique leurs vies : « Ici en cité, la vie est dure, on a trop de problèmes », « Parfois pour une chambre prévue pour 1, on se retrouve à 4 », « On n’a pas l’argent », « Pour aller au cours les matins, les cars sont bourrés… En amphi c’est même pareil identique »…
Vendu à plus de 300 000 exemplaires, ce titre va vite toucher toutes les classes de la population et le Zouglou être utilisé comme une arme pour dénoncer.
De nombreux groupes Zouglou
De nombreux groupes voient le jour comme Les Poussins Choc qui deviendront par la suite Yodé et Siro, Zougloumania, Esprit de Yop, Les Garagistes ou encore Espoir 2000.
Leur sujet de prédilection s’étend à la vie des Ivoiriens de manière générale et aux maux qui gangrènent la société. Ils parlent de la cherté de la vie, des relations hommes-femmes, des dynamiques familiales, de l’Europe comme Eldorado pour fuir la misère du pays ou encore des évènements malheureux.
Généralement chanté en français et en nouchi et non dans une langue ethnique particulière, le Zouglou parle à tout le monde, sans barrière de langue.
Résultat, il se positionne très rapidement comme le premier genre populaire et urbain ivoirien. Au fil des années, il continuera de connaître un succès fulgurant et cela même en dehors des frontières africaines. Le groupe Magic System est sans doute l’exemple le plus tangible de sa réussite à l’international.
Ig : candyciv
Fb : Candy Côte D’Ivoire
Site : candycotedivoire.over-blog.com
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Publié en février 2025