Arthur Gué Cissé : la piste aux étoiles !
Bien que le milieu du sprint ivoirien compte plusieurs athlètes de grande qualité (Ben Youssef Méité, Wilfried Koffi Hua…), ces dernières années, ce sont plutôt les femmes qui se sont illustrées à l’international, les mascottes Murielle Ahouré et Marie-Josée Talou en tête. Une situation qui pourrait changer, avec l’arrivée sur les pistes d’un jeune prodige, considéré par certains comme le nouveau Gabriel Tiacoh, spécialiste du 400 m et premier médaillé olympique ivoirien.
Sauf que le 400 m est une discipline qu’Arthur Gué Cissé – 25 ans, 1 m 68 cm, 68 kilos – n’affectionne pas particulièrement, bien plus à l’aise sur les distances courtes (notamment le 60 et le 100 m) où son tempérament explosif trouve davantage à s’exprimer. Pour tout dire, l’« athlé » en lui-même ne l’intéressait pas vraiment à la base, lui qui se rêvait plutôt footballeur, comme tant de petits garçons. «Je ne comprenais même pas l’intérêt de courir dans le vide ».
Son professeur d’EPS au lycée de Man (ville où il est né) saura pourtant le convaincre et peu de temps après, le jeune Arthur participe à une compétition de détection régionale organisée par la Fédération ivoirienne d’athlétisme. Le collégien outsider se présente dans les starting-blocks en lékê et, contre toute attente, remporte la petite manche, puis la finale à Yamoussoukro. Une victoire qui lui ouvrira les portes du centre de formation Murielle Ahouré dans la capitale politique, où il s’entraînera pendant 2 ans avant d’obtenir une bourse pour rejoindre le Centre international d’athlétisme de Dakar, où il est pris en main par le coach Anthony Koffi, qui s’occupe également de la sprinteuse Marie-Josée Talou. « L’homme propose et Dieu dispose », aime-t-il à répéter quand on évoque la façon dont le destin semble l’avoir poussé sur les pistes.
C’est en 2017, à l’occasion des VIIIes Jeux de la Francophonie d’Abidjan – et alors qu’il ne court pas depuis 5 ans –, que le jeune prodige est révélé au grand public. Cette année-là, il remporte trois médailles : une d’or et deux d’argent. En 2019, il sera chronométré en 9 s 93 sur 100 m, battant d’un centième son propre record de Côte d’Ivoire – établi en 2018, ce record améliorait de deux centième le chrono de 9 s 96 détenu par Ben Youssef Méité depuis 2016 –, et battra également le record national du 60 m (6 s 53) avant de récidiver l’année suivante, sur le 200 m cette fois (20 s 23).
Plus rien ne semble devoir l’arrêter. En 2020, le sprinteur réalise une saison exceptionnelle, malgré la Covid et ses conséquences : 6 courses internationales, 6 podiums, dont une médaille d’argent du 100 m aux championnats d’Afrique.
Après 2 années marquées par les blessures et une élimination frustrante en demi-finale du 100 m aux Jeux olympiques de Tokyo, Arthur Gué Cissé retrouve peu à peu son meilleur niveau. Le 12 février 2022, il a même égalé son record de Côte d’Ivoire du 60 m en remportant le meeting de Metz en France. Malgré un tempérament fougueux et la fraîcheur de sa jeunesse, l’athlète, qui est revenu s’entraîner à Abidjan – toujours en compagnie d’Anthony Koffi, bien que de nombreux coachs internationaux aient tenté de le débaucher –, garde la tête sur les épaules et sait qu’il faudra travailler dur pour arracher des centièmes au tartan et négocier un tournant de carrière qui s’annonce décisif.
Arthur Gué Cissé : Fb : Arthur Gue CISSE
Par E. Vermeil
Publié en juin 2022