Aya de Yopougon, tome 7 : le retour de la fille prodige!
Les fans d’«Aya de Yopougon» auront eu raison de prendre leur mal en patience : 12 ans après la parution du Tome 6, publié en novembre 2010, Aya et ses copines reviennent, gonflées à bloc pour la rentrée littéraire. Lutte pour les droits des étudiants, défense des sans-papiers et des homosexuels : le grand retour d’Aya est engagé! Et pour notre plus grand plaisir, on retrouve comme si on les avait laissés hier les protagonistes de ce soap opéra à l’ivoirienne. Une lecture qui fait autant de bien que des retrouvailles entre amis ou cousins après une trop longue séparation.
Dans ce nouveau volume, Aya tente de concilier un stage à la Solibra et sa relation compliquée avec Didier, le beau magistrat grâce auquel elle a pu se venger de son prof harceleur… mais surtout, elle s’engage dans la lutte pour les droits des étudiants de l’université de Cocody. De son côté, Albert, rejeté par sa famille, galère pour se loger.
Après le succès rencontré avec l’émission «Super Star Station », Bintou, anciennement spécialisée dans le «secouage de tassaba », est devenue la star de la série «Gâteuse de foyer», dans laquelle elle incarne une Gazou Ladoubleuz avant l’heure. Seul problème : son personnage est détesté par les spectateurs – particulièrement les femmes, qui vont jusqu’à l’agresser, confondant la comédienne et le rôle. Moussa, le fils à papa au grand cœur, s’est fait décorer par le président pour ses bienfaits à peine sorti de la Maca.
Quant à Inno, il n’est pas au bout de ses peines, car «Paris est dur comme caillou », et s’il veut continuer à filer le parfait amour avec Sébastien, il doit absolument régulariser sa situation. De l’autre côté de l’océan, le jeune homosexuel fait écho à sa sœur de Yop’ engagée pour les droits des étudiants en militant, lui, pour ceux des immigrés galérant dans la France de Mitterrand. Le temps de l’innocence est clairement révolu, mais tous comptent prendre leur destin en main, quitte à mener une petite révolution…
Ce septième opus riche en rebondissements signe le grand retour de la saga culte imaginée par Marguerite Abouet et Clément Oubrerie, dont les 6 précédents volumes ont été traduits en 16 langues et se sont vendus à près de 800 000 exemplaires. Il aura fallu bien du temps pour que les deux compères reviennent sur leur décision, annoncée il y a quelques années, de «refermer la page Aya ». Mais au fil des ans, l’univers haut en couleur de leur smala yopougonaise a fini par leur manquer à tous les deux – et aux lecteurs donc !
En mai 2021, le scoop d’un nouveau volume «fuitait» gentiment sur l’Instagram de l’éditeur Thierry Laroche ; en septembre, Clément achevait le story-board de la BD et début novembre, il commençait à dessiner l’album.
On y retrouve tout ce qui a fait le succès de la série : dialogues vifs et enlevés émaillés de nouchi, crayonnés précis et expressifs aux couleurs plus chatoyantes que la caresse d’un pagne, et surtout une Afrique sublimée par l’inénarrable verve ivoirienne, à mille lieues des stéréotypes afropessimistes trop souvent relayés par les médias. Une Afrique drôle, vivante, émouvante et bienveillante, même si l’ouvrage ne manque pas de traiter certains sujets plus délicats : harcèlement et violences sexuelles en milieu scolaire ou estudiantin, homosexualité, ou encore l’autisme et le syndrome d’Asperger, dont est atteint le petit Bobby – l’enfant qu’Adjoua a eu avec Mamadou, et qui est lui aussi tabou en Afrique.
Un régal de chaque page (trop vite dévorées), et un bonheur que l’on espère pouvoir vivre de nouveau… avant 2034 !
NB : Marguerite Abouet devrait normalement dédicacer fin novembre à Abidjan. Plus de détails sur la page Facebook de la Fnac Abidjan.
Par E. Vermeil
Publié en octobre 2022