Dis moi d’ou tu viens… : Je te dirai quel pagne tu portes !
La Côte d’Ivoire compte 60 ethnies présentant des coutumes, des manières de manger, de chanter et même de se vêtir totalement différentes. Cette richesse culturelle transparait notamment dans la diversité des tissus et des savoir-faire artisanaux qui composent leurs tenues traditionnelles.
Marie-Noëlle du blog Candy Côte d’Ivoire nous fait découvrir ce mois-ci l’originalité des pagnes tissés de 4 ethnies ou groupes ethniques de notre pays.
Voyage en couleur et texture !
Un pagne tissé est confectionné à partir de fils de coton teints tissés en bandes étroites sur un métier manuel puis assemblées les unes aux autres.
@arkrepublic sur le pagne Kita
Le kita des Akans
Le kita (ou kenté au Ghana) est un pagne initialement réservé aux nobles. Une légende ashanti raconte que c’est une araignée qui aurait appris à deux jeunes hommes à le tisser! En se démocratisant, il devient le tissu que l’on porte lors de grandes occasions.
En fonction des circonstances, le Kita change de couleur : noir et rouge pour les funérailles, blanc pour les fêtes et or pour la royauté. Aujourd’hui, il bénéficie d’une belle visibilité à l’international notamment grâce à l’ancien directeur artistique de Louis Vuitton, Virgil Abloh.
D’origine ghanéenne, le designer avait repris les codes de ce tissu lors d’un de ses défilés.
Le pagne baoulé
Contrairement au kita commun à tous les Akans, ce tissu est unique aux Baoulés, mais pas exclusif. Le pagne baoulé est généralement de couleur bleu nuit, brodé à certains endroits de motifs de plusieurs couleurs (jaune, vert ou rose).
La ville de Bomizambo, à quelques kilomètres de Yamoussoukro est dédiée aux tisserands de ce pagne. Il est possible de les observer s’exercer à cette délicate tâche et même de s’essayer au tissage !
Le pagne sénoufo
Chez les Sénoufo (ethnie du nord du pays), ce sont les femmes qui tissent le coton puis les hommes décorent le pagne à l’aide de spatules de bois et de peintures naturelles.
Sont alors inscrits sur le tissu des motifs comme la panthère ou le calao, animaux très symboliques dans la culture de ce peuple.
@medium.com sur le pagne dida
Le gnigbéli-lokui des Dida
À l’ouest du pays en terre Dida, le pagne tissé est appelé “gnigbéli-lokui”. À la différence des pagnes précédents confectionnés à base de coton, celui-ci est réalisé à base de fibres d’écorces de palmier raphia prélevées au sommet de l’arbre.
Une tâche particulièrement ardue qui explique pourquoi le gnigbéli-lokui est un matériau très cher (son prix avoisinant facilement les 6 chiffres !) et parfois difficile à produire.
Les fibres étirées et séchées, sont ensuite tissées par croisées à l’aide d’une cuillère, une étape qui peut prendre environ 3 semaines !
Le pagne obtenu est généralement de couleur marron, et peut être teint pour donner différents motifs qui rappellent la couleur du Dji, la panthère, animal emblématique dans la culture dida. Depuis quelques années, le gnigbéli-lokui est devenu le pagne à la mode !
Victime de son succès, il a été reproduit de manière industrielle avec des motifs simplement imprimés sur des tissus s’apparentant au wax.
On appelle alors cette copie “Allons à Gagnoa” en référence à la fameuse chanson du groupe Zouglou Magic Diesel. Néanmoins, cela permet de le rendre accessible à toutes les bourses.
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Publié en juillet 2024