Exposition : «Antoni Clavé, l’Esprit du Guerrier» à la fondation Donwahi
Fruit d’un partenariat inédit entre le Palazzo Franchetti de Venise, les Archives Antoni Clavé et la Fondation Donwahi, la seconde étape de l’exposition «Antoni Clavé, l’Esprit du Guerrier» (dont la première partie s’est tenue avec succès à Venise), parrainée par le ministère de la Culture et de la Francophonie ivoirien, sera présentée à Abidjan jusqu’au 27 mai 2023.
En mettant en lumière les liens du maître espagnol avec les arts africains, cet événement, qui s’inscrit dans une logique de promotion et de valorisation du patrimoine culturel continental, entend confirmer l’apport majeur des arts classiques africains à l’art mondial.
Drôle de guerriers, 1983. Huile et collage sur toile – Collection particulière
Sous le commissariat d’Aude Hendgen, cette exposition présente 23 œuvres de l’artiste, offrant un regard neuf sur le dialogue qu’entretenait celui-ci avec l’art africain au début des années 1960, et reliant entre eux deux mondes, de Venise à Abidjan.
La guerre, Antoni Cavé, illustrateur de métier et artiste touche-à-tout aux multiples talents né en 1913 à Barcelone, y a été confronté dès 1937 avec la guerre civile espagnole.
Mobilisé sur le front en tant que fantassin de deuxième classe, il sera contraint de suivre la retraite de l’armée républicaine et franchira la frontière française où il trouvera « asile » dans un camp d’internement aux conditions de vie particulièrement rudes.
C’est à cette époque que le thème du guerrier commence à apparaître dans ses croquis. Un thème récurrent – avec les rois – qu’il développera dans ses peintures, gravures et sculptures à partir des années 1950, et exploitera sous diverses formes et perspectives, recourant notamment à la technique de l’assemblage, et qui contribuera à sa renommée internationale en 1958. «Titre et thème de prédilection de l’artiste, tel un refrain, le guerrier revient sans cesse dans l’art d’Antoni Clavé.
On pourrait dire que ça le hante. Le titre de l’exposition pourrait suggérer aux visiteurs de voir le guerrier comme un avatar, un sortilège », explique Aude Hendgen.
À l’instar d’un Picasso (dont il fut un grand ami), les masques et sculptures d’art africain figurent en bonne place dans son atelier parisien, et imprègnent très clairement son œuvre, qu’elle se formalise en peintures, sculptures, armoires ou assemblages de tapisseries.
Hommage, admiration, appropriation… : son rapport à l’art africain est multiple. C’est d’ailleurs à travers le prisme de la mémoire du masque africain que les visiteurs ont pu découvrir la vision originale de l’art d’Antoni Clavé, initiée par Philippe Duggan lorsqu’il a présenté son travail au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac, dans le cadre de l’exposition collective « Ex-Africa », en 2021.
Masque en carton, 1985. Bronze, 78,5 × 55 × 5 cm – Collection particulière
En plus de rappeler les liens indéfectibles (et indéniables) qui unissent les arts classiques africains à l’art moderne et contemporain, l’exposition «Antoni Clavé, l’Esprit du Guerrier» jette un pont entre deux continents, et permet au public ivoirien de redécouvrir un pan de cette histoire où l’Afrique est devenue une source d’inspiration pour les artistes européens comme Pablo Picasso et Antoni Clavé.
Le Roi, 1960. Huile et collage sur panneau, 212 × 89 cm – Collection particulière
«Antoni Clavé, l’Esprit du Guerrier » : Fondation Donwahi, jusqu’au 27 mai 2023
Par E. Vermeil
Publié en avril 2023