Et si la Côte d’Ivoire avait été une colonie anglaise ?
Marie-Noëlle du blog Candy Côte d’Ivoire adore l’Histoire de notre pays ! La grande Histoire, celle que l’on apprend dans les livres d’école et les « petits épisodes », moins connus, mais tout aussi importants qui l’ont jalonnée.
Dans ses capsules, elle nous en révèle quelques-uns : des évènements majeurs et des anecdotes que vous ne connaissez peut-être pas, mais qui ont eu des influences primordiales sur la construction, l’engagement et l’identité de la Côte d’Ivoire. Ce mois-ci, remontons aux prémices de la colonisation pour découvrir le projet d’échanges de la Gambie et des comptoirs français en Côte d’Ivoire
Dans les années 1870-1880, les nations européennes gagnent du terrain en Afrique. Ce phénomène sera d’ailleurs accentué suite à la conférence de Berlin en 1885 réunissant les pays d’Europe dans le but de procéder au découpage territorial du continent africain et de créer des colonies.

Roi de Grand-Bassam et sa cour (1868)
À cette époque, la France possède les comptoirs de Dabou, Assinie et Grand-Bassam à partir desquels elle créera plus tard la colonie Côte d’Ivoire. Le Royaume-Uni possède, entre autres, les comptoirs de Freetown en Sierra Leone, Lagos ou encore la Gambie. Petit à petit, un projet visant à échanger la Gambie britannique contre les comptoirs français se met en place entre les 2 nations.
Fort Nemours à Grand-Bassam vers 1870
Tout commence en 1864 lorsque le ministre de la Marine française présente ce projet au ministre des Affaires étrangères. Cette requête s’appuie sur différentes recherches et constats effectués par le général Faidherbe et le colonel Pinet Laprade, gouverneurs du Sénégal et l’amiral Fleuriot de Langle. Voici ce qui ressort de leurs investigations :
– En premier lieu, la Gambie, colonie britannique, est enclavée dans le Sénégal, colonie française. Il serait donc plus judicieux de « récupérer » la Gambie afin d’étendre la domination française dans cette zone de l’Afrique.
– Le Royaume-Uni a toujours vu cette colonie comme une charge, l’activité économique de cette dernière se concentrant sur la production d’huile d’arachide alors que les Britanniques étaient plus impliqués dans le commerce d’huile de palme.
– Les Anglais trouvent par ailleurs le climat en Gambie particulièrement malsain et sont sans cesse attaqués par les tribus sahéliennes provenant du Sénégal.
– Enfin les Britanniques ont toujours convoité les comptoirs français d’Assinie et Grand-Bassam et bénéficieraient aussi dans l’échange du comptoir de Ouidah au Bénin, ce qui assiérait leur présence dans le golfe de Guinée.
- Le colonel Pinet Laprade
- Le général Faidherbe
Lorsque le projet est présenté au gouvernement britannique, il n’est pas accueilli avec l’enthousiasme espéré. Les Britanniques décident de mener à leur tour leurs recherches, mais plus dans le but de ralentir le projet que de mener véritablement une étude.
En 1867, Sir Blackhall, gouverneur général des colonies d’Afrique de l’Ouest fait comprendre à l’amiral Fleuriot de Langle qu’il n’est pas intéressé par l’acquisition de nouveaux territoires même sous forme d’échange. En août 1867, la France ajoute le Gabon sur la liste, mais les Anglais se montrent toujours aussi réticents. Néanmoins, en 1870 les négociations reprennent de plus belle et le gouvernement britannique propose de nouvelles conditions. Il veut les territoires situés en Mellacorée (territoires guinéens) et non ce que la France lui propose.
Il insiste sur le fait les échanges seront conclus après soumission au parlement britannique et consultation auprès des autochtones gambiens. Dans les années suivantes, cette histoire connaitra à nouveau des rebondissements. En effet, les colons britanniques installés en Gambie saisissent la presse et dénoncent d’avoir été vendus sans avoir été consultés. Les autochtones gambiens, eux aussi s’opposent au projet ainsi que le Parlement britannique.
En 1875, Arthur Verdier, l’un des premiers négociants français installés à Assinie désapprouve publiquement ce projet. Il est soutenu par quelques parlementaires et la Chambre de commerce française. En 1876, suite à tant de protestations, le gouvernement britannique rompt les négociations en déclarant que le Royaume-Uni dominait largement en Afrique de l’Ouest.
En 1879 et 1881, des tentatives de négociations reprennent, mais sans succès. En 1893, la Côte d’Ivoire devient une colonie française.
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Par Candy Côte d’Ivoire
Publié en mars 2022