Les ethnies de Côte d’Ivoire : petites et grandes histoires
En Côte d’Ivoire, les ethnies définissent notre première identité. Avant d’être ivoirien, nous sommes d’abord Dida, Koulango, Koyaka ou encore Baoulé… Nos ethnies font partie de nous et racontent nos histoires. Mais que savons-nous réellement de ces peuples auxquels nous appartenons ?
Marie-Noëlle, Wilfried, Primaël et Fatima du blog Candy Côte d’Ivoire nous proposent de plonger aux cœur même de ces ethnies, d’en découvrir leurs traditions, leurs rites ou leurs coutumes, et surtout de comprendre ce qui fait, aujourd’hui encore, leur singularité. Un retour aux origines qui éclairera beaucoup d’entre nous !
Les danseuses aux couteaux
willykean.com
À l’ouest du pays, chez les Yacouba, ethnie du groupe Mandé, on rencontre de jeunes danseuses exceptionnelles appelées “les danseuses aux couteaux” ou encore “les danseuses serpents”. Ces jeunes danseuses, à peine âgées de 10 ans sont de véritables contorsionnistes qui réalisent des acrobaties dignes des plus grands gymnastes de ce monde.
Parmi elles, la plus impressionnante reste l’enchaînement saut et atterrissage sur des couteaux où les acrobates sont lancées en hauteur par leur maître et retombent le ventre face aux lames. Cette prouesse, plus que les autres, demande une parfaite synchronisation entre la danseuse et son maître. Afin de pouvoir réaliser ces performances, les danseuses aux couteaux s’entraînent pendant des mois et suivent des rites initiatiques dans la forêt sacrée de leur village. Comprenez que : ne retombe pas sur des couteaux qui veut…
L’alphabet bété
Frédéric Bruly Bouabré, 1996. © ANDRÉ MAGNIN COURTESY MAGNIN-A, PARIS
Et oui, les Bétés, peuple de l’ouest de la Côte d’Ivoire issu du groupe des Krou, possèdent un alphabet ! Il a été inventé par un fonctionnaire et artiste bété du nom de Frédéric Bruly Bouabré. Suite à une révélation divine, Frédéric Bruly Bouabré se mit à créer un alphabet pour sa langue composé de 400 pictogrammes environ.
Des signes, des formes géométriques ou symboliques auxquels il donne une valeur syllabique spécifique et qu’il transcrit sur des dizaines de tableaux. Ces œuvres ont
été exposées dans le monde entier au cours des dernières décennies.
Le véritable nom des Ébriés
Les Ébriés tout comme les Abbey appartiennent au grand groupe Akan. Leur véritable nom est “Tchaman” ou “Atchan” qui signifie “les Élus”. Ils vivent au sud de la Côte d’Ivoire, généralement à Abidjan. Ils sont appelés “lagunaires” tout comme leurs voisins, les Abourés de Mossou. Jadis, ces deux peuples guerriers eurent à s’affronter lors d’une guerre mystique. Les Abourés de Mossou en sortirent vainqueurs et nommèrent les Atchans “Ébriés” qui signifie “Hommes sales”.
Les Kroumen ou les hommes de l’équipage
Le nom de l’ethnie Kroumen n’est rien d’autre que la déformation de l’expression anglaise “crew men” ou homme d’équipage en anglais. Pour comprendre l’origine de ce nom, il faut remonter à la période précoloniale, bien avant que la Côte d’Ivoire ne devienne une colonie française.
En 1893, plusieurs pays européens, dont le Royaume-Uni, sont déjà installés au large des côtes ivoiriennes. Les Anglais établissent des comptoirs à divers endroits comme San Pédro ou Grand-Béréby et travaillent avec les populations autochtones de ces zones. Parmi elles, les Klapo sont engagés en tant que manœuvres sur les navires anglais. Les anglais finissent alors par les appeler “crew men” qui par abus de langage deviendra “Kroumen”.
La révolte des Abbeys
Lors de l’époque coloniale, de nombreuses résistances se sont organisées en Côte d’Ivoire. L’une des plus farouches, et celle que l’Histoire retient est la révolte des Abbeys en raison de sa durée (environ 10 ans) et de la violence de ses actes. En 1910, les Abbeys capturent le colonel français Rubino, agent de la Compagnie Française d’Afrique Occidentale (CFAO). Ils le découpent en morceaux, le préparent, puis le donnent à manger à ses semblables, à titre de mise en garde. Comme vous pouvez l’imaginer, il y eut des représailles de la part de l’administration coloniale. Aujourd’hui, il existe un village nommé Rubino situé à quelques kilomètres d’Agboville. Un mausolée érigé à la mémoire de l’officier y est encore visible.
La Chambre Nationale des Rois et Chefs Traditionnels
Créée en 2014 suite à la loi n°428 de la Constitution ivoirienne, la Chambre Nationale des Rois et Chefs Traditionnels réunit comme son nom l’indique, les rois et chefs traditionnels de Côte d’Ivoire. Cette institution a pour but de valoriser la fonction de l’autorité traditionnelle et de lui accorder plus de pouvoir au sein de notre société.
Vous pouvez même saisir la Chambre pour régler des affaires en lien avec les coutumes du village. Cette organisation est présidée par l’actuel Roi des N’zima Kotoko (ethnie du grand groupe Akan), Nanan Désiré Amon Tanoé pour un mandat de 6 ans renouvelables. Elle compte 35 membres et ses missions sont la préservation du patrimoine culturel ivoirien, la promotion du civisme, des us et des coutumes ou encore le répertoriage des rois et des chefs traditionnels présents sur l’ensemble du territoire. Et, devinez quoi ?… Ils seraient plus de 800 !
Par Candy Côte d’Ivoire
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Candy Côte d’Ivoire est un blog dédié à la culture ivoirienne. Mano Bonbon et son équipe vous invitent à découvrir la Côte d’Ivoire comme vous ne l’avez jamais connue, une Côte d’Ivoire riche par sa diversité culturelle et ses potentialités touristiques. À suivre sur :
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Publié en juin et juillet 2020